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PORTRAIT

 

Pour Germana Civera, la recherche est un positionnement artistique, l’essai une forme de spectacle, le partage un mode de transmission. Et le corps : la source première.

 

Germana Civera pratique la danse comme une performance, une mise en jeu du corps. La danse est par excellence un art vivant, une quête, une expérience. Les questions de l’altérité, de la mémoire, de la trace, de l’empreinte, la question du partage alors se posent. Il s’agit de travailler le corps, sa danse et sa représentation, dans un constant esprit d’expérimentation. De découvrir et proposer des perspectives, des horizons. De contribuer à l’évolution, au développement et à l’inscription de la danse, au-delà de toute frontière.Germana Civera tisse au fil de ses créations un maillage où le corps, toujours présent, regarde, écoute et s’exerce. S’approche d’une connaissance de sa propre enveloppe, de l’humain, du monde et de son expression, dans une vision à la fois globale et particulière, à l’horizon d’un contexte social, historique et géopolitique.  

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©Alois Aurelle

Tout au long de son parcours, il est question de déplacement, de voyage, d’écoute, de regard, de respiration. Afrique du Sud, Mexique, Brésil, Egypte, Canada, Madagascar : va-et-vient, aller-retour, mouvement. Désirer la découverte et l’expérience de l’Autre.  L’adolescent autiste est Autre, les vieilles personnes sont Autres. Les artistes venus des autres disciplines sont Autres. Le passé et l’Histoire sont Autres. Refuser le confort des certitudes, lui préférer le vertige de la rencontre.

 

« Je capte, je recueille, je ne cesse de regarder, d’écouter, d’entendre, de près, de différents endroits. J’interroge mon écoute et mon regard, je tente de désarmer les yeux, faire tomber les remparts que l’idée préalable - le préjugé - interpose entre l’œil et la chose ; je vois, je revois, je lis, je relis, je démonte et remonte ce que j’ai vu avec ce que j’ai lu. 

Mon exigence se règle sur la conscience que ce que je vois ne m’appartient pas. Je m’adonne à un apprentissage tactile des choses. Je tâte, j’ausculte, je retouche, j’ajuste, je propose sans cesse de m’exposer à l’erreur. »

 

Germana Civera propose des espaces sensibles libérés des strictes logiques discursives ; il s’agit de déployer les formes ouvertes de la pensée imaginative, de faire exister différentes modalités du ressenti, d’interroger le regard et l’écoute, d’aller vers une émancipation du regard, le sien propre et celui du spectateur. 

 

Dans chaque projet, l’exigence de créer et de formaliser différents langages est présente, chaque pièce ayant sa propre grammaire, son propre dictionnaire. Germana Civera développe une méthode d’écriture - de composition - en constante évolution, en fonction de chaque projet et au long du temps. Cette « écriture » se transmet de corps à corps, de personne à personne, au travers de la puissance des mots, la pertinence de l’œil et la finesse du toucher. 

Germana interroge aussi la linguistique : le poids et l’énergie des mots, leurs effets d’empreinte sur et dans le corps. Il s’agit alors de libérer le sujet de toute mimesis, de développer des « protocoles verbaux » - une « partition » - ou chaque sujet trouve en lui-même les voies de sa propre investigation. 

Comment articuler, aiguiser l’œil et la main, dans l’instant ? Capter les tracés, leur donner forme, sans pour autant les cristalliser ? 

 

Ce désir n’a pas de fin, se moque de disciplines et des usages, c’est un désir vital. Un désir du corps, un désir de l’Autre.

 

Véronique Bancel

Artiste polymorphe, Germana Civera travaille sur la question du corps, de la danse et de sa représentation depuis plus de vingt ans. 

Initiée par son père aux pratiques somatiques du prana yama yoga, elle opte pour la danse contemporaine  au cours de sa formation à l’Institut del Teatre de Barcelone. Tout en menant à bien son cursus, elle effectue plusieurs séjours à New York, au Cunningham Studio ainsi qu’auprès de Janet Panetta. Puis c’est à Essen (Allemagne) qu’elle rencontre le danseur et maître de ballet Hans Zullig, membre de la compagnie de Kurt Joos et un des membres fondateurs de la Folkwang Hoschule, dirigée plus tard par Pina Bausch.

 

Germana Civera débute sur la scène française auprès de Mathilde Monnier en 1989. Devenue membre de l’équipe permanente du Centre Chorégraphique National (CCN) de Montpellier, elle s’est imposée très vite comme collaboratrice de premier plan de Mathilde Monnier. Son activité au sein du CCN est plurielle : danseuse, interprète, chorégraphe assistante, chargée de la transmission des pièces au répertoire et, à de nombreuses occasions, représentante artistique du CCN. Elle participe et à la conception des interventions auprès des amateurs, jeunes publics et professionnels et au développement du programme ex.e.r.ce dans lequel elle intervient régulièrement.

Dans le même temps, elle mène un travail de co-écriture avec l'artiste Alain Rigout : Prologue (1994), Ce qu'il advient du coq (1996) est salué par le public, la critique et les professionnels. En 1998, dans le cadre du Vif du Sujet SACD– Festival d'Avignon, elle présente un premier solo, Ida, ce que l'eau m'a donné. La même année, lauréate de la Villa Médicis hors les murs, elle crée à New York l'installation-performance La transe des ciseaux, présentée plusieurs fois par la suite en Europe. Nouvelle expérience marquante, en 2000, elle est interprète pour Jérôme Bel dans The Show must go on. C'est en 2000 également qu'elle fonde et prend la direction artistique de l'association Inesperada tout en poursuivant plusieurs collaborations, notamment avec le plasticien Laurent Goldring et avec le chorégraphe et improvisateur canadien Benoît Lachambre. Lieu d’expériences sensibles,  l’association Inesperada  prend comme ancrage la non-disciplinarité. La question de l’altérité est au cœur de la démarche artistique, qui privilégie l’échange et la circulation, loin de tout enjeu de propriété. 

Le travail de création explore et développe des dynamiques de communication et de perception via la conscience physique, l’improvisation, l’écriture chorégraphique et la performance,  en collaboration avec d’autres médiums artistiques et l’appui réflexif de la neurophysiologie, la philosophie, l’anthropologie. 

L’association Inesperada est aussi le lieu où sont conçus et renouvelés les ateliers de pratiques, de transmission et d’expérimentation en direction des jeunes artistes et des interventions spécifiques vers de personnes autistes. C’est encore là que l’artiste se confronte à l’irréductibilité de la question du corps et de sa danse, irréductibilité re-posée et re-travaillée sur le plateau, dans l’espace de présentation.

 

Parmi ses créations :  FIGURES Sculpture-performance (2004)Vue Imprenable (2006)The Forest (2007)Fuero(n) (2008),     TO B. The Real Tragedy (2012) présentés notamment à la Fondation Cartier pour l’Art Contemporain Paris, Centre National de la Danse Paris, Festival International Montpellier Danse, Centre Chorégraphique National de Montpellier- dans le cadre hors séries, Festival International riocenacontemporanea Brésil, Le Centre Georges Pompidou Paris, FTA Montréal Canada, La Porta Barcelone, Festival International On Marche Marrakech, Festival franco-espagnol MIRA (Toulouse), El Mercat de les Flors Barcelone, Théâtre National de Catalogne,, e 3 BIS F Lieu d’Arts Contemporains Aix en Provence, Biennale Amazzone arts-sciences Palerme, Festival « Dialogues des corps » au Burkina Faso, The Rawawit Space for Performing Arts au Caire……

 

Artiste Résidente au 3 BIS F, Lieu d’Arts Contemporains à Aix-en-Provence 2010-2013

Artiste Résidente Associé à La Caldera - Centre de Création de Danse et d’Arts Scéniques Contemporains à Barcelone 2008.

Artiste Résidente à L’Institut Français de Barcelone 2008-2010

Artiste Résidente à l'ENSAM, Ecole nationale supérieure de Montpellier I La Réunion 2020-2025 

 

Prix BUTACA 2007 (prix du public)   Barcelone pour « The Forest » »

Germana Civera  s’est vue décerner le  Prix l’Excellence de la Ville de Barcelone  pour « Fuero(n) »

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