NUMEN - Germana Civera
Conception du projet et direction artistique : Germana Civera
Conception d'espace : Alvaro Borrajo Alemana, Germana Civera et Cédric Torne
Espace Sonore : Mathias Beyler et Germana Civera
Performers : Juan Aramburu, Mathias Beyler, Avaro Borrajo Alemana, Germana Civera, Lucie Pineau et Hugo Rigny
Photographie : Cathy Cosentino
Vidéo : Petra Tomaskovicova
Direction technique : Juan Aramburu
Régisseur : François Palumbo
Avec l'aimable participation de Grégoire Chaplot et Frédérique Villemur
Partenaire : Galerie Zoom à Sète, ENSAM Montpellier
Comme Bergson, Proust, Joyce nous l’ont enseigné ou encore Pallasmaa et Damasio nous l’enseignent aujourd'hui, l’esprit humain est inondé par un flux constant de perceptions, de pensées, de souvenirs et d'émotions. Chaque fois qu’un stimulus touche ce courant, par la peau, le corps vibre, le corps s'incarne: un nouveau son, une nouvelle image émerge: le corps s’émeuve: il s'incorpore.
De nombreuses pages ont été écrites sur cette théorie et des dizaines d’historiens de l’art ont utilisé ce concept complexe pour décrire ce que des générations d'artistes ont crée au cours des siècles. Cependant, je constate toujours (et je ne pense pas être la seule dans ce cas) que la question du corps, de la présence et de l'acte créatif reste un affaire en cours, tel, un puits sans fond. Cette question émerge de façon très récurrente tout au long de mon parcours artistique et de vie. Cela m'enthousiasme, me porte, me permet prendre position: je suis à l'ouvrage inlassablement.
La recherche est pour moi un positionnement artistique, l’essai une forme de spectacle, le partage un mode de transmission, le corps : la source première. En danse, il y a toujours une question récurrente : qu’est-ce peut que le corps ? que dévoiler du corps ? qu’est-ce qu’une re-présentation ?
Pour moi, la danse est une situation, un lien, une circulation. Tout cela au contact du monde, des autres. Le corps est sismographe : son
bain est la société, ses gestes naissent de la perception. L'intelligence vit dans toutes les cellules, et pas seulement dans le seul cerveau. Il
s’agit pour moi de travailler le corps, la danse et sa représentation, dans un constant souci d’expérimentation afin de découvrir et
proposer des perspectives, des horizons.
Il s’agit de refuser le confort des certitudes pour lui préférer le vertige de la rencontre : n’avoir de cesse de regarder, d’écouter, d’entendre, pour faire tomber les remparts que l’idée préalable - le préjugé – qui s’interpose entre l’œil et la chose. J’interroge mon écoute et mon regard, je tente de désarmer les yeux. Il s’agit de déployer et de partager des formes ouvertes de la pensée imaginative, de faire exister différentes modalités du ressenti, d’interroger le regard et l’écoute, d’aller vers une émancipation du regard, le sien propre et celui du spectateur.